Les habitations belges, mais surtout bruxelloises et wallonnes, sont très nombreuses à devoir être rénovées, principalement en raison du fait que souvent ce sont des passoires énergétiques et manquent de confort mais aussi, et c'est lié, de la multiplication des normes imposées par les pouvoirs publics notamment pour diminuer, dans notre pays, la consommation d'énergie mais aussi pour la sécurité.
Les travaux nécessaires sont rarement à la portée des propriétaires eux-mêmes car ils nécessitent l'intervention de professionnels.
Ces travaux coûtent cher et même s'ils constituent un investissement tant au point de vue écologique que financier, le coût des travaux ne pourra être récupéré pour les habitations données en location qu'à longue échéance.
Ils donnent cependant une plus-value à l'immeuble en cas de revente.
L'effet pervers de cette augmentation de valeur se trouve évidemment dans l'estimation qui sera utilisée lors d'une succession ou d'une donation mais également dans l'augmentation du revenu cadastral donc du précompte immobilier.
Le taux reste le même mais l'assiette de la taxe est nécessairement plus importante.
Ce n'est cependant pas l'objet de cet article.
Vu la nécessité des rénovations, de nombreuses sociétés sont apparues pour l'exécution de ce travail. Si la plupart sont fréquentables, pas mal d'autres, parfois dirigées par de véritables escrocs, ont trouvé le filon.
Les sollicitations des entreprises de rénovation sont nombreuses et le propriétaire rénovateur, donc le consommateur, se doit d'être prudent et méfiant.
La rénovation d'une habitation ou même d'un commerce est une entreprise sérieuse qui ne devrait être accessible qu'à de vrais professionnels ayant une vraie formation. Plusieurs exemples d'arnaques nous ont été contés.
Cette situation se présente également en France et plusieurs journalistes se sont faits les champions, très écoutés, des mises en garde de leurs compatriotes.
Nous avons quelques exemples sous la main avec des victimes désespérées.
Que les rénovations entreprises le soient peu après l'achat de l'immeuble ou pour un immeuble ayant été acheté ou hérité récemment, ces situations provoquent des drames.
Les méthodes utilisées par les arnaqueurs se ressemblent toutes.
Ceux qu'on peut qualifier d'escrocs font du démarchage et beaucoup de promesses tout en exigeant des acomptes importants "pour acheter les matériaux nécessaires" ce qui prouve déjà qu'ils n'ont pas les reins solides ou pas assez.
Nous avons vécu des cas où les acomptes versés par les maîtres de l'ouvrage servaient à faire vivre les arnaqueurs et pas du tout à acheter le matériel nécessaire pour la rénovation.
Un système de boule de neige était ainsi installé en ce sens que ce sont les nouvelles victimes qui servaient à faire patienter les anciennes.
Le système se grippait évidemment rapidement et les travaux pour lesquels les acomptes avaient été versés sont abandonnés alors que de nouveaux acomptes étaient exigés pour précisément poursuivre le chantier qui souvent ne reprenait pas ou à peine.
On pourrait imaginer que malgré de tels exemples, les "entrepreneurs" étaient agréés pour de tels travaux.
En fait, c'est parfois un leurre.
Une inscription à la BCE (Banque Carrefour des Entreprises) est donnée pour celle-ci sans vérification des compétences, de même qu'un numéro de TVA qui en fait est identique.
A cette occasion, les compétences qui devraient être dûment prouvées par des accès à la profession certifiés sont parfois nulles, un soi-disant entrepreneur, dans un exemple récent d'ailleurs, étant acculé par la constatation d'un architecte, enfin consulté, de l'exécution de travaux extrêmement mal faits, a avoué qu'il n'était pas compétent pour ce genre de travaux mais qu'il allait engager un sous-traitant qualifié.
Si le recours à la sous-traitance en matière d'entreprise n'est pas interdit, il est souvent une surprise pour le maître de l'ouvrage.
Si tout se passe bien, pas de problème mais si la qualité du travail n'est pas bonne, et que la poursuite des travaux ne se fait pas, le sous-traitant se plaindra lui-même de ne pas être payé par l'entrepreneur ou le pseudo-entrepreneur choisi et les responsabilités seront impossibles à établir par le maître de l'ouvrage qui n'a, d'ailleurs, de recours que contre l'entreprise qu'il a choisie.
En pareil cas, le recours à un tribunal s'impose mais il faut en connaître les limites d'efficacité.
Les juges ne sont pas compétents pour vérifier la qualité d'un travail effectué ou la valeur d'un travail qui précisément n'a pas été effectué mais qui a fait l'objet de paiement d'acomptes.
De plus, tout chantier arrêté entraîne une perte locative si le bien devait être loué et une perte de jouissance s'il est ou devait être occupé par son propriétaire.
Les expertises immobilières coûtent cher. En effet, les experts judiciaires sont obligés de respecter une série de formalités et de délais.
Le simple avis d'un expert ne suffit pas. Il faut un rapport écrit, des délais de réponse pour des pré-rapports, pour répondre aux questions techniques de l'expert. Souvent des investigations par des entreprises spécialisées sont nécessaires (ingénieurs en stabilité, spécialistes en peinture ou en plomberie ou encore des investigations par caméra thermique ou autres).
Très souvent, si pas la plupart du temps, ces procédures s'avèrent, in fine, inutiles quoiqu'ayant pris beaucoup de temps et coûté très cher.
En effet, même s'il y a des défaillances des personnes sérieuses et honnêtes, souvent elles sont le cas d'insolvables qui ont trouvé là un moyen de gagner illégalement de l'argent. Parfois il s'agit de personnes dépendantes du chômage, du CPAS ou même sous le statut de médiation de dettes qui exercent impunément, du moins pendant un certain temps, une activité rémunérée qui n'est absolument pas déclarée.
Nous conseillons, dès lors, vivement à nos membres de prendre un maximum de renseignements sur les entreprises qu'ils sollicitent pour l'exécution de travaux.
Il est prudent de procéder à une véritable enquête, pas seulement administrative mais d'exiger les preuves des compétences et références qu'il convient de vérifier avec soin car, comme dans d'autres domaines, des complices sont parfois engagés pour aider à berner les personnes qui font trop vite confiance. De même, il convient de s'assurer de la couverture d'assurance en demandant de produire le contrat d'assurance professionnelle et la preuve de la prime.
Attention également aux personnes qui se présentent chez vous spontanément, affirmant qu'ils ont observé votre toiture depuis la rue et lui a trouvé des défauts qu'il importe de réparer rapidement.
La rénovation des toitures est un exemple mais tout peut servir, notamment le démoussage des toits, la réparation des cheminées qui seraient branlantes ou des châssis qui menacent ruine. Il vaut mieux, pour ce type de travaux, s'adresser à des professionnels connus qui, par exemple, ont déjà travaillé pour des personnes identifiées et qui peuvent témoigner du bon déroulement des travaux exécutés par ces sociétés.
Attention également aux offres trop alléchantes pour être vraies.
Il est, encore, recommandé de consulter - via eID ou itsme® - le registre central JustBan sur Just-on-web permettant de vérifier si l'entrepreneur ne figure pas dans la "liste noire" des entrepreneurs malhonnêtes. Ce registre a pour vocation d'écarter de la vie économique les entrepreneurs qui ont fait l'objet d'une interdiction professionnelle et d'ainsi protéger les consommateurs contre les escroqueries économiques.
Si les arnaques se multiplient sur le net, dans tous les domaines, notamment sentimentaux, il en est bien d'autres sur des questions très matérielles.
Nous pouvons constater et déplorer d'ailleurs que le nombre de faillites en Belgique augmente. Dans beaucoup de domaines, cela a toujours été le cas même dans celui de la construction ou de la rénovation, de la plus petite à la plus grosse entreprise d'ailleurs.
Tout cela ne facilite pas le choix des propriétaires alors que les obligations mises à leur charge, même s'ils ne sont pas bailleurs, se multiplient.