Primes à la rénovation en Wallonie : coup de frein pour les propriétaires !

Primes à la rénovation en Wallonie : coup de frein pour les propriétaires !

Face à un dérapage budgétaire massif, le gouvernement wallon réduit drastiquement ses primes à la rénovation énergétique. Les propriétaires s'inquiètent de l'impact sur leurs projets de travaux et sur la transition énergétique.

Une réforme brutale pour maîtriser un dérapage budgétaire

Le gouvernement wallon MR-Engagés a décidé de réduire de 60% en moyenne les primes à la rénovation énergétique dès le vendredi 14 février 2025, dans le but de maîtriser un dérapage budgétaire majeur. Ce changement est justifié par un stock de dossiers non traités représentant 322 millions d'euros à la fin de 2024, auxquels pourraient s’ajouter 352 millions supplémentaires en 2025. Selon Adrien Dolimont, Ministre-Président wallon, la situation est critique : "Le système actuel est devenu impayable."

Cécile Neven (MR), Ministre de l'Énergie, ajoute que la Wallonie a été trop généreuse, en offrant jusqu’à 90% de subvention pour les revenus les plus bas. Le nouveau système temporaire s'appliquera jusqu’au 1er octobre 2026 et limitera l'accès aux primes aux ménages dont le revenu de référence ne dépasse pas 114.000 euros. Pour le Syndicat National des Propriétaires et Copropriétaires, cette réforme constitue un coup de frein brutal à la rénovation énergétique, alors même que la Wallonie doit accélérer la transition climatique.

Ce dérapage budgétaire résulte d’un système jugé trop complexe, avec quatre régimes d'aide cohabitant et plus de 120 primes différentes, souvent cumulables selon le niveau de revenu. La réforme vise à simplifier ce système jugé peu lisible et source d'effets d'aubaine. Pour Cécile Neven, cette générosité a conduit à une bulle budgétaire comparable à celle des certificats verts en 2013, exigeant une réaction rapide et drastique.

Une réduction massive des montants de primes

La réforme entraîne une réduction moyenne de 60% des montants de base des primes, provoquant un choc pour les propriétaires. Par exemple :

  • La prim epour l’isolation du toit passe de 300 euros/m² à 120 euros/m², soit une baisse de 60%.

  • Le remplacement de châssis PVC, auparavant subventionné à 390 euros/m², ne sera plus soutenu qu’à 156 euros/m² pour les ménages aux revenus les plus bas.

En outre, le plafond d’intervention a été fortement diminué :

  • 70% pour les catégories de revenus R1 et R2 (revenus modestes jusqu’à 38.300 euros), contre 90% auparavant.

  • 50% pour les catégories R3 et R4 (revenus moyens à élevés), au lieu de 90% dans le régime précédent.

Ces réductions concernent également l’ensemble des travaux éligibles, notamment l’isolation thermique, le remplacement des fenêtres, et l’installation de systèmes de chauffage performants. Le SNPC estime que ces baisses risquent de freiner les investissements nécessaires à la rénovation énergétique et décourager les propriétaires de réaliser des travaux souvent coûteux mais nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques européens.

Par ailleurs, le gouvernement wallon a choisi de supprimer certains dispositifs pour alléger le budget et simplifier le système :

  • Fin de l’obligation d’audit pour les travaux de toiture et d’isolation thermique.

  • Suppression du régime des petits travaux sans audit.

  • Anticipation de la fin des primes de chauffage.

Ces mesures visent à réduire l’impact budgétaire de 290 millions d'euros d’ici à fin septembre, mais elles risquent de complexifier la planification des travaux pour les ménages, tout en augmentant leur coût net.

Des changements précipités et une instabilité règlementaire

Le nouveau système temporaire sera en place jusqu’en octobre 2026, avant une réforme en profondeur.

Cette transition précipitée crée un climat d’incertitude pour les propriétaires, qui devront composer avec trois régimes différents en moins de deux ans.

En outre, une période transitoire de seulement 15 jours est instaurée jusqu'au 28 février à 23h59, permettant aux propriétaires ayant versé un acompte de 20% avant le 14 février de bénéficier de l'ancien régime. Cette fenêtre extrêmement courte vise à éviter un afflux de demandes, mais elle risque de pénaliser ceux qui n'étaient pas informés à temps.

Pour le SNPC, cette réforme imposée dans l’urgence et sans concertation crée une instabilité réglementaire nuisible. Les propriétaires et les professionnels du bâtiment devront adapter leurs stratégies à un cadre évolutif, rendant la planification des travaux plus complexe.

De plus, les changements rapides et successifs dans les primes à la rénovation risquent de freiner la demande dans un secteur déjà en difficulté. Le SNPC appelle le gouvernement à instaurer une stabilité réglementaire pour sécuriser les investissements et encourager la transition énergétique.

Des objectifs climatiques en péril ?

En réduisant drastiquement les primes, la Wallonie compromet ses objectifs climatiques. La rénovation énergétique est un levier essentiel pour réduire les émissions de CO2 et diminuer la consommation énergétique des bâtiments.

Le Plan National Énergie-Climat prévoit que la Wallonie atteigne le niveau PEB A pour la majorité de son parc immobilier d'ici 2050. Cependant, la baisse des incitants financiers pourrait freiner les rénovations énergétiques, ralentissant la transition climatique.

Pour le SNPC, cette réforme va à l'encontre des engagements climatiques européens, car elle freine les investissements privés indispensables à la modernisation énergétique du parc immobilier.

Un choix politique discutable

La réforme vise à réduire les dépenses publiques, mais le SNPC s’interroge sur la pertinence d’un tel choix politique alors que la rénovation énergétique est un enjeu stratégique pour l’avenir climatique et économique de la Wallonie.

Le SNPC appelle le gouvernement à réévaluer cette réforme et à engager une concertation avec les acteurs concernés. La stabilité réglementaire est essentielle pour réduire les incertitudes et inciter les propriétaires à engager des travaux de rénovation énergétique.

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